Gwendoline Bridget Caïne-Jones

Après huit heures de travail, le bébé pointait enfin sa tête, il avait cinq jours de retard. C'était une belle petite fille, de taille et poids corrects. Ses parents décidèrent de l'appeler Gwendoline Bridget, deux prénoms de leurs ancêtres. Aphrodite, la mère, dirait plus tard que Gwen aurait préfèré "rester au chaud à l'intérieur de mon ventre". Gwendoline, ou plutôt Gwen, comme tout le monde l'appelait, était née à Dublin, en Irlande, alors que ses parents étaient en vacances. Comme précisé plus haut, elle avait cinq jours de retard. Aphrodite et Mihael rentrèrent chez eux quelques semaines après la naissance, Gwen n'a donc jamais connu sa ville d'origine, mais elle sera très fière d'être née là-bas. Une dizaine de mois après, Aphrodite accoucha d'une autre petite fille, qui, elle, avait au contraire plus d'un mois d'avance. Gwen et Tara (car c'était comme ça que s'appelait sa petite soeur) devinrent très vite les meilleures amies du monde, elles s'entendaient merveilleusement bien, comme des jumelles. Mais entre elles, il y avait toujours une espèce de concurence, elles voulaient toutes les deux faire mieux que l'autre. D'un côté, il y avait Gwen la petite fille modèle et de l'autre Tara, la courageuse et casse-cou garçon-manqué. Mais Gwen avait toujours l'impression que Tara était la plus chérie, la plus choyée et la plus aimée, un immense sentiment de frustration et de rancoeur amère s'installa dans son coeur, pour ne plus jamais la quitter. Mais elle continuait à prendre soin de sa soeur comme la prunelle de ses yeux. Plus d'une fois elle eut envie de lui dire à quel point elle souffrait, mais elle était bien trop fière pour ça... Gwen avait l'impression d'être un monstre, le jour où Tara se cassa (ou plutôt s'écrasa) le nez, Gwen fut enchantée, et elle s'en voulut, se demandant pourquoi elle était tellement méchante... Tara fut aussi la première à montrer des signes de magie : elle n'avait alors que cinq ans. Gwen déborda de jalousie, même si elle avait quand même eut très peur pour sa soeur. Elle fit part à son père de ses inquiétudes et il la rassura en lui disant que beaucoup de petits sorciers ne montraient des signes de magie qu'à partir de sept ou huit ans. Gwen reçut sa lettre de Poudlard. Elle avait l'impression que sa soeur aurait voulut y aller la même année qu'elle... Et cette impression gonfla Gwen de joie, enfin elle avait quelque chose que sa soeur n'avait pas et qu'elle désirait ! Gwen avait bien changé depuis sa naissance, elle s'était gonflée d'orgueil et était devenue hautaine, méprisante...
Elle alla sur le chemin de Traverse avec ses parents (et sa soeur) pour acheter ses fournitures, elle eut alors sa première baguette : qui mesurait vingt-deux centimètres, était en bois de charme et contenait une plume de Phénix. Gwen débordait de joie.
Le jour de la rentrée à Poudlard arriva, et elle ne put s'empêcher d'être triste et inquiète, elle savait que sa soeur lui manquerait. Et puis, elle se demandait si Tara n'allait pas faire encore plus de bêtises, maintenant que Gwen n'était plus là pour la maitriser...
Elle fut dans les premiers à être appelés, lors de la répartition, lorsqu'une sorcière à l'allure sévère appela d'une voix forte "Caïne-Jones, Gwendoline Bridget", elle eut l'impression qu'elle allait défaillir. Elle s'approcha, pleine de grâce et gonflée d'orgueil, et mit un étrange Chapeau de sorcier sur sa tête. Une voix se mit alors à parler dans son esprit. "Hum... Hum... Je vois là une demi-vélane... Sang-Pur du côté sorcier... Humm... Intéressant mélange. Tu es très sûre de toi, ton caractère conviendrait bien à une Serpentard... D'un autre côté, tu as un très bon fond et tu as de très grandes capacitées intellectuelles... Nous allons donc t'envoyer à... SERDAIGLE !"
Soulagée, Gwen alla s'assoir à la table des Serdaigle, sa nouvelle maison, son refuge. A l'école, Gwen se distingua des autres élèves par ses excellents résultats et aussi son mauvais caractère. En grandissant, elle deviendrait la fille que tous les garçons désirent, que toutes les filles jalousent. Mais dans le coeur de Gwen, il y avait toujours ce malaise. Car Tara était entrée à Poudlard, elle aussi ! Oh, oui... Et c'était elle qui était devenue préfète, c'était elle la capitaine de l'équipe de Quidditch, elle la plus forte à chaque fois de tous les élèves de son année, elle la plus belle, elle la plus casse-cou... Lorsque le petit copain se sa chère soeur fit des avances à Gwen, elle n'hésita pas et sauta sur l'occasion, Tara allait enfin ressentir ce qu'elle ressentait depuis toujours...

Après un langoureux baiser, je souris à mon amant. Il avait l'air ébahi, comme s'il n'en revenait pas de notre culot. C'était une belle journée d'Avril, et je pensais que Tara était enfermée dans la tour de Serdaigle, à faire ses devoirs. J'en avais profité pour embrasser son petit copain, assise par-terre, à l'ombre d'un grand arbre. Nous étions là, à nous contempler l'un l'autre... Mais je ne l'aimais pas. Je voulais simplement faire ressentir à Tara la douleur que j'éprouvais, qu'elle sache comme j'avais souffert, pendant toutes ses années... J'avais toujours pensé que tout le monde l'aimait plus que moi... J'adressais un sourire charmeur et complice au garçon en face de moi et prit sa main dans les miennes en la caressant.

"Je suis tellement heureuse !", mentis-je, le regard faussement énamouré.

Soudain, je vis une chose qui me sidéra. Ce que je redoutais et voulait le plus au monde était en train de se produire. Elle était là. Ma chère soeur. Toujours aussi belle, avec ses longs cheveux très blonds et très fins, héritage de notre mère. Sauf qu'il n'y avait plus cet air rieur dans ses yeux. Dans ses yeux, tellement expressifs, je pouvais lire de la tristesse, du dégoût... Mais aussi de la jalousie. Je compris alors que j'avais fait la plus grosse erreur de ma vie. Pendant toutes ses années, Tara avait bien comprit ce que je ressentais, puisqu'elle aussi l'éprouvait. Pendant toutes ses années, elle avait pensé que c'était elle la mal-aimée. Sur mon visage s'afficha une expression d'horreur.

"Tara !", fis-je à mi-voix.

Les traits de Tara se déformèrent par la colère, des larmes ruisselant sur ses joues de porcelaine. Son visage perdit alors toute beauté, ses traits étaient les mêmes mais elle ressemblait à un oiseau difforme et repoussant, terrifiant. Chez les vélanes de pur souche, cette transformation était cent fois plus frappante mais dans la situation actuelle, rien n'aurait pu me faire plus peur et le changement n'aurait pu être plus frappant.

"Espèce de sale garce !!!"

Je sus alors qu'elle avait perdu le contrôle d'elle-même. Elle me sauta à la gorge, essayant de m'étrangler et de frapper chacune des parties de mon corps qu'elle pouvait atteindre. je me laissais faire. La souffrance était plus mentale que physique. Ma pauvre soeur... Pourrais-je un jour me faire pardonner ?



Gwen devint alors la victime de Tara, qui faisait tout pour lui faire payer. Elle se laissait faire et ne ripostait jamais, pour se punir.